faits-marquants-bandeau.jpg

Publication - DOI : 10.1186/s13071-020-04451-1

Evaluation du risque d’exposition aux piqûres de tiques dans les parcs urbains et péri-urbains de la région lyonnaise : une surveillance à poursuivre.

Contacts

Mots-clés

Ixodes, Dermacentor, Tiques, parcs urbains, Lyon, prévention

Résumé

En Europe, les tiques sont responsables de la transmission d’agents pathogènes dont les agents de la borréliose de Lyme dont l’incidence annuelle est estimée à 156 cas pour 100000 habitants en 2016 en Auvergne Rhône-Alpes. L’objet de l’étude était d’estimer l’abondance des tiques dans des parcs urbains et péri-urbain de la région lyonnaise au cours d’une saison d’activité (avril à octobre 2019). Sept tiques ont été collectées dans les parcs urbains et 499 dans le parc périurbain, essentiellement sous le couvert forestier et en lisière de forêt. L’identification morphologique a permis de confirmer la présence de 3 espèces : Ixodes ricinus (n=504), Dermacentor marginatus (n=1) et Ixodes frontalis (n=1).  La zone péri-urbaine et les environnements forestiers sont significativement plus à risque. Elle permet de mieux cibler les futures actions préventives destinées à limiter l’exposition.

Contexte et enjeux

La maladie de Lyme est une maladie transmise par les tiques dont le nombre de nouveaux cas humains est estimé à plus de 50 000 par an en France (1, 2). Elle suscite depuis plusieurs années de nombreux débats, portant en particulier sur le nombre de cas réels, les difficultés de diagnostic des formes tardives de la maladie, leur caractère invalidant, le coût sociétal de la prise en charge des malades et la délivrance de traitements antibiotiques prolongés. Les agents de la maladie de Lyme, les bactéries du complexe Borrelia burgdorferi s.l. sont transmis en Europe par des tiques du genre Ixodes. Ces tiques sont largement répandues sur l’ensemble du territoire français à l’exception du bassin méditerranéen (3). Dans un contexte de réchauffement climatique, de nouveaux territoires et habitats sont susceptibles d’être colonisés. La surveillance active des tiques et des agents pathogènes qu’elles sont susceptibles de transmettre est donc essentielle pour informer les autorités sanitaires des risques associés et pour proposer des mesures de prévention aux populations (4). Un groupe de travail a été créé pour évaluer le risque associé aux tiques en région lyonnaise et réfléchir à la mise en place de mesures préventives. Ce groupe est constitué de médecins (infectiologues et ARS), de responsables de la ville et la métropole de Lyon, de chercheurs de l’UMR EPIA et de chercheurs de sciences humaines et sociales. Le projet ERATIQ, a pour objectif d’estimer l’abondance de tiques à l’affût et les variations saisonnières d’abondance dans trois parcs urbains et péri-urbains de la ville et de la métropole de Lyon.

Résultats

Les campagnes de surveillance ont été menées dans deux parcs urbains et un parc péri-urbain en avril, mai, juin, juillet et octobre 2019. Cent transects de 10 m² ont été échantillonnés chaque mois dans chaque parcs par la méthode du drap. Un total de 506 tiques a été collecté (499 dans le parc péri-urbain, 6 et 1 dans les deux parcs urbains respectivement). La majorité des tiques ont été identifiées comme I. ricinus (n = 504, 94% de nymphes et 6% d’adultes). Un mâle adulte de Dermacentor marginatus dans un parc urbain et une nymphe d’Ixodes frontalis (parc péri-urbain) ont été également identifiés. La distribution des transects positifs et négatifs des tiques et les densités relatives de tiques ont été géoréférencées. Les densités de tiques observées dans le parc péri-urbain étaient 100 fois plus élevées que celles observées dans les parcs urbains.
Le parc péri-urbain contenait trois types d’environnements distincts (environnements fermés, transitoires et ouverts) et un échantillon suffisant de tiques pour une analyse de l’effet de l’habitat. La densité des tiques était 32 fois plus élevée dans les environnements fermés (forêt et le sentier pédestre/piste à l’intérieur de la forêt) et 16 fois plus élevée dans les environnements transitoires que dans les environnements ouverts (sentier pédestre/piste dans une zone dégagée et prairie).

Perspectives

La première année de suivi, 2019, confirme l’intérêt de surveiller la présence de tiques dans les parcs urbains et péri-urbains qui sont des zones de loisirs très visitées par la population environnante, et d’identifier les facteurs de risque d’exposition. Cette surveillance sera poursuivie en 2020 et 2021.

Des travaux antérieurs ont montré que la charge pathogène des tiques peut être plus élevée dans les zones urbaines développées que dans les zones rurales (5). Les tiques collectées pourront être analysées pour détecter la présence éventuelles d’agents pathogènes. Des analyses de prélèvements de rongeurs, réalisés dans le cadre du projet BiodivERsA BioRodDis, permettront de mieux comprendre les processus d’entretien et de circulation des agents pathogènes dans ces réservoirs.

Bien que la menace humaine globale dans les parcs urbains et périurbains semble faible, le risque, qui est la combinaison du danger et de l’exposition humaine, ne peut être considéré comme négligeable en raison des taux de fréquentation accrus par les populations urbaines et doit être pris en compte dans la conception des mesures préventives.

Illustration

Figure : Répartition des tiques dans les sites urbains et péri-urbains.

Légende : points rouges, transects positifs pour les tiques Ixodes ricinus ; points verts, transects négatifs pour les tiques Ixodes ricinus. Le nombre de tiques est exprimé par transect de 10 m2.

Fond de carte BDOrtho® 50cm IGN.

Abréviations : U1, U2, parcs urbains ; PU, parc péri-urbain

Auteur : Isabelle Lebert

Date de modification : 24 juin 2024 | Date de création : 24 juin 2024 | Rédaction : epia-communication